Les membres de l’association Droit pluriel et de la commission Accessibilité du conseil de l’ordre du barreau de Paris posent sous l’article 1 de la déclaration universelle des droit de l’Homme de 1948, au tribunal de Paris.
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L’association Droit pluriel, qui a pour vocation de rendre la justice accessible à tous et la commission accessibilité de l’ordre des avocats du barreau de Paris, ont organisé ce 28 février 2019 un « commando de l’accessibilité » au tribunal des Batignolles.
L’objectif ? Évaluer l’accessibilité du bâtiment aux personnes en situation de handicap. Le résultat est un zéro pointé.
Pour les mal-voyants, le marquage au sol n’existe qu’au rez-de-chaussée, on ne trouve pas une seule information en braille dans tout le bâtiment, quant aux ascenseurs, ils sont souvent non sonorisés, sans relief et sans braille. « Il faut demander de l’aide et compter sur la bienveillance », a commenté Matthieu Juglar, avocat au barreau de Paris et mal-voyant qui a l’habitude de pratiquer le nouveau tribunal.« C’est pire que le palais de la cité pour un mal-voyant car le bâtiment est beaucoup plus compliqué ».
Boucle magnétique. Le constat n’est pas meilleur pour les malentendants. Si le symbole de l’oreille barré est présent partout et le bâtiment équipé d’un système de boucle magnétique permettant de se connecter à l’appareillage des personnes, il n’est pas activé et personne ne savait le faire fonctionner lors de la visite. À l’accueil, le verre est si épais que même les personnes ne souffrant pas de troubles auditifs n’entendent pas les renseignements qu’on leur donne.
Obstacles. Quant aux handicapés moteurs, la présence de l’avocat Alexis Ridray a permis de montrer que les bancs des avocats dans les salles d’audience ne sont pas accessibles aux personnes en fauteuil et que les micros sont trop hauts ou trop loin pour être utilisés par une personne assise. Les portes sont si lourdes (salles d’audience, mais aussi WC, y compris ceux réservés aux personnes handicapées) qu’elles ne peuvent être ouvertes depuis un fauteuil. L’avocat, pourtant très habile dans le maniement de son fauteuil, est par ailleurs resté coincé entre les portes de l’ascenseur qui se refermaient sur lui jusqu’à ce qu’on vienne le dégager. D’une manière générale, non seulement les personnes handicapées – justiciables ou professionnels de la justice – ne peuvent pas circuler de manière autonome dans le bâtiment, mais rien n’est prévu pour les aider à s’y déplacer. « Un justiciable en situation de handicap doit, pour accéder à la salle d’audience, surmonter des obstacles qui s’ajoutent à son anxiété et le placent dans une position d’inégalité avec son contradicteur », dénonce Anne-Sarah Kertudo, directrice de l’association Droit Pluriel.
Un comble pour un bâtiment flambant neuf censé incarner le navire amiral de la justice du 21e siècle.
Le 4 mars 2019