Le pouvoir, le bonheur, le climat – le désarroi des cadres, Laurent Polet. Editions du détour, 222 p., 19.50€
Aujourd’hui, la part des cadres dans les actifs est plus grande que celle des ouvriers. Pour autant, ils constituent une catégorie devenue hétérogène, avec des parcours, des conditions de travail, des attentes parfois très différentes.
Le livre évoque la transformation de cette voie, jugée autrefois royale : les grandes écoles, dont les cadres sont en grande partie issus, devaient former une élite intellectuelle et économique, dont la responsabilité était d’encadrer l’humain et de coordonner l’activité. La valeur sacrée du diplôme devait les mettre à l’abri de la précarité, il n’en est plus toujours ainsi.
Les profondes mutations du monde du travail touchent particulièrement les cadres : financiarisation de l’économie, dégradations des conditions de travail, injonctions paradoxales sont autant de facteurs qui mènent à la perte de sens et d’autonomie. Les cadres ne décident plus, ils sont à la merci du marché et de la finance.
Malgré une loyauté et un esprit de corps prégnants, la sensation de déclassement, le sentiment de déconnexion d’avec le monde réel, la fragmentation du collectif poussent désormais certains à fuir ce pour quoi ils ont été formés.
Corinne KEFES – L’InFO Militante
Le 20 août 2023