Nous avons pris date le 8 avril, pour les 183 euros pour tous, avec
manifestation nationale à Paris (sauf interdiction de dernière minute
ou confinement parisien).
Nous avons réussi, en partie, l’unité. Nous laissons la CFDT et SUD à
leur décision de ne pas s’associer nationalement à cet appel pourtant
cette revendication nous semblait partagée. Dès janvier 2021,
la CFDT a décidé et nous a annoncé qu’elle ferait cavalier seul. SUD
en a fait de même mais seulement le 11 mars, puisqu’ils nous ont
écrit : « Nous arrêterons donc là le suspens. Après avoir consulté
nos instances, la Fédération SUD Santé Sociaux ne signera donc ni
l’affiche, ni le tract intersyndical proposé. Par contre, vous pouvez
compter sur nous dans la rue ou sur les établissements lors des
mouvements des 15 mars et 7, 8, 9 avril. » Sans commentaire, chacun
saura apprécier.
Dans cette période anniversaire, du premier confinement qui voit les
salariés malmenés, toujours en danger de mort avec maintenant le
retard pris pour la vaccination, des conditions de travail qui empirent,
la volonté du gouvernement de réduire encore les droits des chômeurs
et nos droits à la retraite et nos employeurs subsidiaires du
gouvernement qui poursuivent leur casse des accords d’entreprises
progressistes, le 8 avril sera le premier grand mouvement national
unitaire de notre secteur composite (social, médico-social, protection
de l’enfance, insertion et aide à domicile).
Nos employeurs n’en sont pas à quelques contradictions prêt.
Conjointement à une déclaration commune fin 2020, ils ont lors de
la mission Laforcade annoncé « soutenir » la revendication des 183
euros net pour tous.
Pourtant ce sont les mêmes qui ont décidé que pour la CCNT66
en 2021, la valeur du point augmentera seulement de 2 centimes
d’euros. Ce sont les mêmes qui vont sous couvert de révision des
conventions collectives baisser les droits des salariés lors de chaque
négociation au nom, hier de l’austérité, demain du nécessaire remboursement de la dette publique.
Et notre revendication d’aujourd’hui s’appuie sur la misère salariale
de l’ensemble de nos secteurs. Amorcée dès 1983, elle s’est approfondie depuis plus de 20 ans. Au moment de la mise en place de la réduction du temps de travail nous l’avons payé par le blocage de
nos salaires.
Combien de milliers de salariés aujourd’hui ne voient jamais apparaitre
sur leurs fiches de paie la moindre augmentation de salaires ?
Dans l’Aide à Domicile au 1er janvier 2021, ce ne sont pas moins de
13 grilles de salaires (salariés en catégorie A) et 8 (salariés en catégories B) qui sont concernées. Ainsi les salariés des catégories A attendront 14 ans pour voir leur premier salaire au-dessus du SMIC, et
pour les catégories B ce sera 9 ans. Des salaires de misère souvent
à temps partiel.
Ils sont bien membres de la cohorte des salariés pauvres qui selon
les Echos a encore augmenté d’un million supplémentaire « victime
de la crise sanitaire ». On ne les achètera pas à coup de prime qui
nous divise, même s’il est juste de les prendre.
Ce 8 avril, s’inscrit dans ce contexte et ce ras-le-bol généralisé.
Nous l’avons construit pied à pied.
Nous portions en 2020, avant l’ouverture du Ségur de la Santé avec
les camarades de la Fédération des Service Publics et de Santé la
revendication de 300 euros pour tous.
Suite à la signature du Ségur de la Santé et aux avancées positives
obtenues concernant les salaires, nous avons décidé après discussion
et décision de nos instances, de porter la revendication transitoire
des 183 euros.
Nous l’avons fait dès le 23 juillet 2020, dans notre communiqué « Ségur
de la Santé : la position de la FNAS FO ». Nous y avons écrit : « la
revalorisation salariale des personnels des établissements de
santé et des EHPAD de 183 euros net/mois doit aussi bénéficier
aux salariés du champ social et médico-social, de la protection
de l’enfance, de l’insertion et de l’aide à domicile. »
La signature du Ségur de la Santé était encore toute chaude
puisqu’elle datait du 13 juillet 2020.
Nous l’avons décidé en totale cohérence et concordance avec nos
camarades de la Santé qui avaient porté nos revendications lors du
Ségur.
Nous nous en sommes servi pour porter cette revendication dans
tous les champs conventionnels où nous négocions et nous l’avons
rappelé dans un communiqué fédéral le 15 septembre 2020.
Nous exigions : « La finalisation dans la CCNT51 d’un accord octroyant l’intégralité des 183 euros net avec les mêmes modalités
et le même calendrier d’application que celui prévu dans
la fonction Publique !!! et l’ouverture de négociations pour la
transposition de ces accords à tous les salariés du social, médico-
social, de l’aide à domicile et de l’insertion. »
Nous rappelions que « les milliards octroyés aux banques et aux
actionnaires doivent revenir en priorité aux salariés. » tout en refusant
« le chantage des Fédérations patronales de conditionner la
transposition du Ségur dans tout le secteur privé, au versement du
financement par les pouvoirs publics. »
Le 20 septembre avec la Fédération Générale des Fonctionnaires et
la Fédération des Services Publiques et de Santé FO, considérant que
le Ségur ne doit exclure personne, nous demandions audience au
premier ministre sur le mandat clair, à savoir, « tous les salariés et
agents publics » doivent « bénéficier des mesures de revalorisation
des salaires et de carrière, dans le respect de leurs statuts,
de leurs garanties collectives et dans les conventions
collectives concernées. »
Nous avons été reçus le 6 octobre et nous avons déposé notre cahier
de revendications, la revalorisation de 183 euros pour tous les
agents publics et les salariés du privé mais aussi pour le secteur de
l’aide à domicile : l’agrément et l’extension de l’avenant 43 (classifications) qui augmente d’ores et déjà les salaires en moyenne de 15 %.
Le 22 octobre constatant que rien n’avançait, ni du côté des négociations dans le secteur public, ni dans celles engagées dans les CCNT 51 et 66, puisque nos employeurs continuaient d’exclure de cette nécessaire augmentation de salaires, dans les accords proposés, les
salariés qui ne travaillent pas dans le secteur hospitalier et les EHPAD nous avons lancé ensemble un appel à la mobilisation pour le 5
novembre.
Concomitamment nous avons lancé une pétition nationale pour l’égalité salariale public/ privé : 183 euros pour tous, qui a reçu des milliers de signatures.
Malgré le « re-confinement », des rassemblements et manifestations ont eu lieu dans toute la France, le 5 novembre, sauf à Paris du fait de l’interdiction de la préfecture.
Ce rapport de force réussi a permis que nous soyons à nouveau reçus dès le 10 novembre. Après 1h30 d’échanges, le cabinet du Premier
ministre a annoncé avoir engagé une réflexion interne pour prendre en compte les personnels oubliés du Ségur. A ce stade, le périmètre, le
champ de la négociation et le budget n’étaient pas encore définitivement arbitrés par le premier ministre.
Faute de réponses concrètes aux multiples interpellations des Fédérations FO-SPSS, de l’Action Sociale et de la Confédération Force
Ouvrière, pour que le gouvernement étende à ses personnels et aux salariés, dans le secteur médico-social et social, de la petite enfance, de la protection de l’enfance, des services d’aide à domicile, les mesures de revalorisations salariales du « Ségur », nous avons décidé d’une nouvelle journée de mobilisation. Ce fut le 8 décembre.
Cette journée fut à nouveau bien suivie : Toulon, Perpignan, Île de la
Réunion, la Rochelle, Nancy, Cannes, Bordeaux, Périgueux, Rouffach,
Rennes, Carcassonne, Limoux, Saint Omer, Marseille, Chartres, Caen,
Arras, Paris (en présence d’Yves VEYRIER), Dax, Évreux, Nérac, Saissac, Clermont sur Oise, Epissos de la Somme, le Mans, Nice, Montauban, Strasbourg, Sarreguemines, Brumath, Colmar, Harthouse, Beauvais, Amiens, Asnières-les-Bourges, Agen, Chauny, Azay-le Rideau, Sète, Saint-Ambroix, Besançon, Frontignan, …
Reçues ce même jour par la Conseillère santé du Premier ministre,
nous lui avions rappelé l’exigence d’un arbitrage rapide sur ces mesures. Le 15 décembre nous étions invités à une bilatérale avec la
mission Laforcade suite à la lettre de mission du 1er ministre en date du 4 décembre.
Dans la foulée notre fédération prenait l’initiative d’inviter à une intersyndicale le 14 janvier toutes les autres organisations syndicales concernées pour nos secteurs dont, il est important
de le noter, les non-signataires du Ségur que sont SUD et la CGT qui
refusaient, dans le même temps, de porter la revendication des 183 euros.
Nous voulions construire, malgré tout, l’unité syndicale pour peser et peut être obtenir des avancées significatives lors des négociations avec la mission Laforcade qui débuta le 20 janvier 2021.
Notre déclaration à son ouverture atteste de notre cohérence et de notre persistance à tenir notre mandat 6 mois après la signature du Ségur. Ses conséquences inégalitaires envers les salariés du public et du privé sont bien la conséquence de la volonté du gouvernement de ne pas mettre sur la table les moyens financiers nécessaires.
Le 25 janvier, la CGT (Fédération Nationale des Personnels des Organismes Sociaux CGT et Union Fédérale de l’Action Sociale CGT) nous rejoignait enfin sur la revendication commune des 183 euros puisque nous écrivions ensemble et avec la CFTC, dans un
communiqué : « le rattrapage commence par le versement immédiat
des 183 euros de revalorisation indiciaire de salaire pour mettre
fin aux disparités inacceptables, préjudiciables aux salariés comme au bon fonctionnement des établissements.»
La négociation ouverte dans le cadre de la mission Laforcade fût un
échec. Nos comptes rendus de mandat en attestent.
Lors de la 3ème et dernière séance, la délégation FORCE OUVRIERE
a réaffirmé qu’elle n’était pas là pour favoriser la division salariale
proposée avec comme conséquence une nouvelle remise en cause
des conventions collectives nationales. Celle-ci, et nous ne sommes
pas dupe, préfigure le grand champ conventionnel unique que tous
ont continué d’appeler de leurs voeux sauf notre organisation. Elle a
demandé à la commission de faire remonter notre mécontentement
et celui des salariés au premier ministre. Nous avons invité toutes
les autres organisations syndicales à une nouvelle intersyndicale.
Celle -ci qui s’est réunie le 9 février 2021 et a permis d’aboutir à la
déclaration intersyndicale intitulée « Les Fédérations FO, CFTC, CGT
et SUD revendiquent la fin de la rigueur et de l’austérité, l’obtention
des 183 euros pour tous et toutes et l’augmentation immédiate des
salaires. »
Elle fût lue par FO au nom de toutes les autres organisations signataires lors de la conférence salariale du 25 février dont nous faisons un compte-rendu dans ce présent bulletin.
Malgré tout, l’unité avec la CFE-CGC, la CFTC, et la CGT a été réalisée sur la base d’une revendication claire : l’ouverture immédiate par le Premier Ministre d’une négociation pour l’égalité de traitement des salariés du public et du privé par l’extension immédiate des 183 euros pour tous.
Nous avons pris date le 8 avril 2021.
Tous les salariés savent qu’ils peuvent compter sur notre organisation
libre, indépendante et toujours en résistance au niveau nationale
et dans les négociations mais aussi pour combattre avec les
salariés qui continuent de se mobiliser comme ceux des crèches ou
dans les établissements, pour obtenir satisfaction sur leurs revendications.
Pascal CORBEX
Secrétaire Général
Le 29 mars 2021