C’est toute la richesse de la légende arthurienne, la fameuse matière de Bretagne, qui nous est présentée dans cet ouvrage. Les textes fondamentaux, retraduits, sont introduits par une mise en contexte qui permet de découvrir les origines de la légende, de voir comment elle se construit et essaime à travers les frontières.
D’origine païenne et celtique, les prémices de ces narrations apparaissent dès le VIe siècle. Elles retracent l’histoire de la Grande-Bretagne, en tant que mythe fondateur, et jouissent d’une grande popularité : en témoigne le nombre de manuscrits qui se diffusent grâce aux multiples reprises, ajouts et traductions en langues vernaculaires, en vers puis en prose, et l’appropriation des noms des chevaliers dans la société médiévale.
Plus encore, elles traduisent le passage de l’oralité à la construction d’une Histoire : c’est l’invention du roman arthurien avec ses codes et sa symbolique, une matière vivante qui s’enrichit au fil du temps. Souvent, l’élaboration d’un manuscrit est liée à une commande, faite par la noblesse : se mêlent alors au récit initial les valeurs chevaleresques, la notion d’amour courtois, l’importance de la parenté, du lignage, la christianisation. Il est donc important de conserver à l’esprit le contexte historique, culturel, social et politique pour appréhender le sens des textes. Car c’est une vision du monde et de la société qui est ainsi décrite.
Le roman arthurien, ou plutôt les romans, découle d’une volonté d’harmoniser les récits initiaux, de combler les manques pour aboutir à un texte plein de sens. C’est le terreau d’un imaginaire collectif, une source inépuisable d’inspiration qui vit encore aujourd’hui à travers la figure du chevalier, et pas seulement Arthur, celle de la dame et du magicien, la notion de quête.
C’est un ouvrage très richement illustré, avec de superbes reproductions de manuscrits enluminés qui, grâce à l’aide de nombreuses disciplines comme l’héraldique, la sigillographie, l’iconographie, nous dévoile les mystères de la Table ronde et de la quête du Graal.
Les Chevaliers de la Table ronde – Romans arthuriens, Collectif. Éditions Gallimard, 1 080 pages, 34 euros.
Corinne KEFES – L’inFO militante
Le 30 août 2022