Les musées sont encore fermés, mais heureusement il reste les expositions en plein air. Le dessinateur humoriste belge Philippe Geluck expose son célèbre Chat sur les Champs-Élysées jusqu’au 2 juin. À voir absolument.
Philippe Geluck vient de publier son dernier album [1], le 24e, mais ce dernier n’est pas numéroté comme tous les autres auparavant. En effet, il ne s’agit pas d’un album de planches, mais du livre qui explique l’exposition actuelle des Champs Élysées. Bien sûr, il y a des planches et des dessins, mais il y a aussi des photos et des textes.
L’auteur se raconte, se livre et explique en détail son passage de la 2D à la 3D. Les photos représentent ses premières sculptures de petite taille, pour finir par le détail de toutes les phases de fabrication de ses vingt bronzes de deux mètres de haut exposés aujourd’hui à Paris. Et clin d’œil, en trois bulles, il donne la parole au chat : Tous les sportifs visent l’or, ou, à défaut l’argent. Rodin, lui, il s’est toujours contenté du bronze. Et sur la même page il y a un dessin du « Ponceur de rotin ». Botero avait déjà utilisé les Champs avec ses énormes sculptures d’octobre 1992 à janvier 1993, comme lieu d’exposition.
Le Chat à la conquête du monde
Geluck publie ses premiers dessins du Chat dès mars 1983 dans le grand quotidien belge Le soir. Il s’agit d’un strip en seulement trois cases. Ces dessins sont alors publiés dans le supplément hebdomadaire, Temps Libre, du quotidien. Sur ses débuts Geluck révèle : Une étude a montré que les articles illustrés par Le Chat étaient six fois plus lus que les autres, ce qui a instantanément fait changer d’avis ceux qui n’aimaient pas trop et qui se sont mis à apprécier follement. Et rapidement le Chat a passé la frontière, se répandant dans le monde francophone. Du coup, Geluck s’est mis à publier des albums. Ensuite, il est passé à la peinture en faisant des tableaux (de 100×100 cm à 2×3 m) que l’on peut retrouver dans les calendriers du Chat. Mais comme il le dévoile dans son dernier livre, en 1987, il rencontre le sculpteur François Deboucq qui va le convaincre de passer de la 2D sur le papier, à la 3D avec la sculpture. Ses premières réalisations sont un peu gauches et de petite taille. Mais, chemin faisant, il va changer de braquet pour arriver à ces magnifiques bronzes de deux mètres de haut qui ont nécessité des convois exceptionnels pour arriver jusqu’à Paris [2].
Malgré son costume-cravate, le Chat a toujours eu une fibre sociale, à preuve le strip d’actualité : Si, de par ton travail, tu travailles à ton domicile ; tu ne connaîtras jamais la délicieuse sensation de rentrer chez toi, le soir, après une journée de travail. Le travail de Geluck met en dessin ce qu’a quelque part écrit un autre belge, Stéphane de Groodt dans son Voyage en absurdie (2013). Pierre Desproges (1939-1988) aurait certainement adoré.
Christophe CHICLET- Journaliste à L’inFO militante
Le 9 mai 2021