Daniel Laurent, 52 ans, est éducateur spécialisé et délégué central FO à la Fondation des Apprentis d’Auteuil. Fédérateur et tenace, il a constitué une belle équipe et le syndicat est arrivé premier lors des élections professionnelles en 2019.
P our Daniel Laurent, rien n’est impossible. Éducateur spécialisé, il est entré à la Fondation des Apprentis d’Auteuil en 2002 et travaille actuellement à la Maison d’enfants à caractère social (MECS) de Lisieux, dans le Calvados. Non diplômé, cet ancien pompier volontaire attiré par le social s’est formé sur le terrain, avant de passer une VAE en 2009.
ALorsqu’il a poussé la porte de l’UD FO du Calvados en 2005, à la suite d’un conflit avec sa cheffe de service, il avait déjà en tête de créer un syndicat. L’accueil à FO m’a bien plu et c’était aussi le seul syndicat non représenté dans l’entreprise, explique-t-il. Il est désigné délégué syndical dans la foulée. À l’issue des élections professionnelles de 2006, il est élu délégué du personnel. En parallèle, avec deux militantes, il crée le syndicat départemental de l’action sociale dont il devient le trésorier, puis le secrétaire adjoint.
Si le syndicat FO progresse d’abord lentement, il cartonne en 2019, passant de la quatrième à la première place avec près de 28 % des voix. FO est devenu représentatif dans toutes les régions CSE avec une belle représentation chez les cadres, se félicite le militant.
La liste, d’une grande diversité, a été montée en quelques mois. C’est du travail de terrain, dans chaque région nous sommes allés chercher les candidats, explique-t-il. Il a su attirer aussi des militants très engagés issus d’autres syndicats, un travail parfois de longue haleine. L’homme est tenace. Si on ne m’ouvre pas les portes je vais les forcer, et je ne lâche jamais l’affaire, reconnaît-il.
Les semaines de formation renforcent l’esprit d’équipe
Daniel Laurent est aujourd’hui délégué central et représentant syndical au CSE central. La Fondation d’Auteuil, qui emploie plus de 6 000 salariés, dispose d’une convention d’entreprise avec quatre familles de métiers. Le travail de négociation est intense et porte sur tous les sujets. En dix ans, j’ai négocié plus de quatre-vingt-dix accords, raconte-t-il. Parmi les revendications actuelles, une réelle revalorisation de salaire pour les cadres ou encore une vraie politique sur le handicap, pour lutter contre les licenciements pour inaptitude.
Devant faire face dans les négociations à un arsenal de juristes, tous spécialisés dans leurs domaines, il se forme plusieurs fois par an à l’Institut supérieur du travail (IST), assiste à des colloques… Son équipe n’est pas en reste. Daniel Laurent organise chaque année deux à trois sessions de formation d’une semaine chacune sur des thèmes divers, avec des intervenants extérieurs partenaires. On s’adapte aux besoins des camarades et ces semaines renforcent l’esprit d’équipe, poursuit-il. Ensemble, ils ont aussi élaboré un guide du salarié qui sera disponible en janvier.
Fédérateur, le militant sait également déléguer. Selon les sujets, différents camarades viennent en négociation avec moi, je veux permettre à chacun de prendre sa place et de monter, je ne suis pas irremplaçable, explique-t-il. Il prépare déjà les élections de 2023 avec l’objectif de faire encore mieux. Mais désormais, il sait aussi décrocher de temps en temps. S’il a définitivement rangé sa raquette de tennis de table en compétition, il a recommencé à voyager. Et cet été, mon fils de 10 ans m’a félicité car pour la première fois je n’ai ouvert ni mon ordinateur ni mon téléphone en vacances, sourit-il.
Clarisse JOSSELIN – Journaliste à L’inFO militante
Le 4 décembre 2021