Deux études publiées en mars 2021 font état des effets des confinements sur la santé mentale. Une personne sur sept a présenté un syndrome dépressif à l’issue du premier confinement au printemps 2020. Et la tendance persiste. Les femmes et les jeunes sont les plus touchés.
Publié le 18 mars 2021
Les troubles de sommeil, la perte d’intérêt à faire des choses, l’humeur dépressive et les difficultés de concentration ont pris de l’ampleur de manière significative au moment du premier confinement.
Des facteurs divers liés à la situation sanitaire peuvent provoquer des troubles dépressifs : l’isolement, les conditions de logement, le manque de contacts sociaux, la dégradation de la situation financière.
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a mené une étude sur l’état de santé des Français qui comprend un questionnaire portant sur la santé mentale des enquêtés pendant le confinement du printemps 2020. Elle a présenté les résultats issus de cette première vague de l’enquête EpiCov et elle les a comparés avec ceux des enquêtes de santé européenne (EHIS) de 2014 et 2019. Le constat est éclairant : « En mai 2020, 13,5% des personnes âgées de 15 ans ou plus vivant en France déclarent des symptômes évocateurs d’un état dépressif « , contre 10,9% en 2019.
La Drees a analysé, dans un deuxième panel, les pratiques et les conditions d’exercice en médecine générale pendant le confinement de novembre-décembre 2020. Il en ressort une hausse des demandes de soins liés à la santé mentale.
Situation plus difficile pour les jeunes et les femmes
Les jeunes sont les plus touchés avec 22% des 15-24 ans qui ont déclaré des symptômes d’un état dépressif alors qu’ils étaient 10,1% en 2019. Ce chiffre est nettement plus élevé que celui de la moyenne des classes d’âges supérieures (12,1%). Plus d’une jeune femme sur quatre et un peu moins d’un jeune homme sur cinq sont concernés.
Les femmes sont également – quoique dans une moindre mesure que les jeunes – particulièrement vulnérables : 15,8% en 2020 contre 12,5% en 2019 ont déclaré des symptômes évocateurs d’un état dépressif. L’étude relève notamment que « le fait de se retrouver confronté à des comportements violents, agressifs ou dégradants de la part de son conjoint ou partenaire est également lié au syndrome dépressif ». Par ailleurs, les violences familiales ont augmenté de 9% en 2020 par rapport à 2019.
Prévalence des syndromes dépressifs en France en 2014, 2019 et mai 2020, par classe d’âge et par sexe
Quatre problèmes de gênes voire de symptômes dépressifs ont pris de l’ampleur de manière significative :
• les troubles de sommeil ;
• la perte d’intérêt à faire des choses ;
• l’humeur dépressive ;
• les difficultés de concentration.
Selon l’étude, plus d’une personne sur cinq logeant dans un appartement sans balcon a présenté un syndrome dépressif. De plus, avoir été confiné hors de chez soi, vivre dans des foyers surpeuplés ou, à l’inverse, vivre seul ou seul avec son ou ses enfants augmente le risque d’un état dépressif.
Hausse des soins liés à la santé mentale
La plupart des médecins généralistes ont poursuivi leur activité pendant le deuxième confinement de la population. La baisse de leur activité a été très faible par rapport à celle du premier confinement du printemps 2020. 89% des médecins ont consacré moins d’un quart de leur activité au Covid-19. En revanche, les demandes de consultations pour stress, troubles anxieux ou dépressifs sont restées davantage élevées qu’avant l’épidémie de Covid-19.
72% des médecins estiment ces demandes plus fréquentes qu’avant la pandémie et 16% que leur nombre a augmenté de plus de 50%. Il s’agit d’une tendance qui s’est accentuée depuis le premier confinement, illustration d’une « souffrance psychologique marquée dans la population du fait des conséquences sociales et économiques et des mesures mises en place pour l’endiguer », selon la Drees.
Le 21 mars 2021